Alors petite histoire sur mon personnage:
Juin 2084, quelque part dans l’ancien Paris.
Mes potes et moi marchons dans les rues dévastées de ce qui fut la ville la plus belle du monde une décennie avant. Traversant un des derniers ponts intactes, nous faisons attention à ne pas passer à travers les fissures béantes qui parcourent l’ouvrage en pierre. A travers on peut y voir la Seine couler paisiblement mais dix fois plus sale qu’elle l’a pu être.
Nous sortons de l’Ile St Louis, maintenant place forte du nouvel ordre. Tous les accès ont été barricadés pour arrêter les attaques de mutants en tout genre et surtout les offensives meurtrières des Raiders. Ces types-là sont pires que des hyènes, s’attaquant toujours au plus faibles pour semer encore plus le chaos. Comme si la calamité qui c’était abattue sur nos têtes n’était pas suffisante. Avec tout ça, on n’a pas encore mangé et bu de la journée, on se dirige alors vers un Rade ou tout le monde nous connait. Nous faisons attention ou nous marchons, le compteur Geiger n’arrête pas de grésiller. En rentrant dans le Rade, je vois tout de suite qu’il y a des nouveaux, des têtes que je n’ai jamais vues auparavant. On commande à boire, et pendant que nous ripaillons, quelques types du groupe que j’avais remarqué se dirigent vers nous.
« Dite moi désolé de vous déranger, mais j’en ai vu des Hommes du Nouvel Ordre, mais je n’en ai jamais vu des aussi en bonnes santé et aussi bien équipé que vous. Comment avez-vous pu survivre tout ce temps-là sans garder de séquelles de la guerre ? »
Après un petit temps de réflexion, je pose mon verre. Mes amis et moi les regardons fixement. La tension monte un peu mais se relâche aussitôt.
« Ecoute mon pote, j’espère que ce n’est pas de la jalousie que tu ressens, car ne t’inquiètes pas, on en a autant bavé que toi, on a tous perdu des proches, on a tous perdu nos vies dans ce merdier. Mais si tu veux on va te raconter comment on a survécu. Ha tu es scribe en plus, bah parfait !!! Ça sera bien pour la prospérité et tu pourras raconter comment des hommes et des femmes ont pu se sortir de ça. »
Excité comme un enfant à qui on donnait un super jouet, le scribe sortit son stylo de sa poche et un carnet qu’il gardait précieusement sous son cache poussière, entouré d’un vieux sac plastique Franprix. Chacun dans son monde avait son petit secret à garder. Peut - être pour se raccrocher à quelque chose d’avant l’apocalypse, peut - être pour se rappeler qu’un jour nous étions des humains civilisés, ou tout simplement pour ne pas devenir fou.
« Alors je vais t’expliquer comment on a pu survivre jusque-là. C’était donc en 2077. Ca faisait longtemps que mes potes et moi pratiquions la cataphilie, depuis 5 ans à peu près. Parcourir des souterrains sous Paris, c’était le pied, personne t’emmerdais et avec le bordel qu’il y avait à la surface c’était « un havre de paix ». Jugé trop vieux, les 3 abris anti – nucléaires des catacombes n’avaient pas été restaurés, malgré la menace nucléaire que la Chine faisait peser sur nous. La guerre qui faisait rage dans le pacifique entre les Etats-Unis et la Chine n’atteignait pas le morale des Européens, qui vivaient dans l’insouciance.
Pourtant en Mars 2077, tout est parti en couille, la Chine a envahi la Russie et l’Europe lui a déclaré la guerre (à la Chine). Très vite, on vit des unités internationales dans toutes les capitales. Des Anglais, des Allemands, etc. Je me rappellerais toujours des débats que j’avais avec mon père sur la guerre en cours. Les nouvelles du front n’étaient pas bonnes du tout et chaque jour, tel une goutte qui tombait sur un crâne, nous recevions de mauvaises nouvelles. Les alertes anti - aériennes étaient de plus en plus fréquentes, la peur des bombardements était omniprésente. Je devais consoler ma mère qui n’en pouvait plus de ce stress. Beaucoup de gens mirent fin à leur vie durant cette période.
Le 23 Octobre 2077, on décida avec mes amis de faire une descente dans les catacombes, pour s’isoler de chaos de la surface, le temps de décompresser un peu. C’est aussi ce jour - là que les gouvernements ont décidé de raser la planète. Des lances de feu nucléaire balayèrent la surface. Avec mes amis, tout tremblais et nous avions pensé que tout s’effondrerais sur nous. Mais par chance cela ne se produisit pas. Après une heure de tremblement, ou nous avons presque tous vomis, la situation redevint calme. Mais le couloir d’où nous venions s’était effondrer. Nous nous mirent à marcher, avec la perspective de mourir enfermé à 30 mètres sous terre. Mais ce n’était pas notre jour, car durant l’attaque un sous - sol d’une grande surface s’était affaissé. Miracle des miracles, nous n’y avons pas tout de suite cru. Nous avions de quoi tenir au moins un an avec toutes les conserves, les bouteilles d’eau, les draps etc. Nous avons beaucoup pleuré nos morts, sachant très bien ce qui s’était passé en haut. Mon frère s’était joint à nous, j’étais un peu plus soulagé. Et c’est ainsi que nous avons survécu durant un an, voire plus, en nous rationnant. Lorsque nous n’avons plus eu d’eau, nous avons été forcés de sortir.
Dans ce magasin ce trouvait des masques à gaz et des compteurs Geiger. Ce qui nous a aidés à sortir de là. En atteignant la surface, nous fûmes tous éblouies par la lumière jaune qui régnait. Très vite des larmes se sont mises à couler, tant la tristesse de voir un tel chaos nous atteignit. Paris était un champ de ruines, parcouru de voiture éventrés et de squelettes desséché au soleil. C’est là que nous avons trouvé notre équipement, en les prenants sur les cadavres des soldats de l’unité internationale. Une parka allemande par ci, avec un Famas par là. Nous nous sommes enfuies de Paris durant des années pour nous abrité dans une forêt en Normandie. Nous avons appris comment survivre, comment se protéger.
Il y a quelque mois, nous avons décidé de retourner à Paris pour récupérer des outils, des piles, des choses comme ça. C’est là que nous avons rencontré les types du Nouvel Ordre qui nous ont pris sous leurs ailes. On a une mission bientôt, prêt d’un hôpital en ruine ou il faudrait y déloger des Raiders. Puis franchement je crois qu’après, on retournera dans notre forêt.
Voilà je crois que tout est dit. »
Le scribe n’en revenait pas de cette histoire, il semblait comme paralysé. Il nous remercia, et nous invita à boire un coup.
L’Homme était parvenu à tout détruire, sauf lui et la guerre.
Car la guerre, elle, ne change jamais.